Un siècle d’approvisionnement en énergie grâce au Grimsel

Pendant près de 20 ans, les pionniers de BKW étudièrent plus d’une demi-douzaine de variantes de projet pour produire de l’électricité issue de la force hydraulique. Leur objectif: construire l’ensemble de l’infrastructure eux-mêmes et la financer via une augmentation du capital-actions. Cela se révéla cependant impossible. Le 20 juin 1925, ils fondèrent donc Kraftwerke Oberhasli AG, à laquelle le canton de Berne participa financièrement. Il était en outre prévu d’émettre des obligations aux personnes intéressées pour financer la construction.

Même si aucun autre partenaire n’avait encore participé, les travaux de la centrale électrique Handeck 1 débutèrent la même année sur le Grimsel. Pendant ces travaux, on érigea le barrage poids-voûte qui, avec ses 114 mètres, était à l’époque le plus haut barrage d’Europe. Le barrage Seeuferegg de 42 mètres de haut fit également partie des travaux. Les deux ouvrages ferment le bassin de retenue du lac du Grimsel. En 1932, les travaux furent achevés et les ouvrages impressionnèrent à tous les niveaux. Le canton de Bâle-Ville et la ville de Berne, deux parties qui avaient participé à KWO à hauteur d’un sixième chacune en 1928 et 1930, s’en réjouirent. En 1938, la ville de Zurich fit de même.

En pleine Seconde guerre mondiale, la deuxième étape fut lancée: la centrale hydraulique d’Innertkirchen et la centrale Handeck 1 furent construites. Handeck 1 était la première centrale souterraine d’Europe, car les chutes de pierres et attaques aériennes la menaçaient. Il fallait également éviter de construire sur de précieuses terres cultivables. D’autres jalons furent ensuite posés, notamment avec le barrage du lac de Räterichsboden, idéalement intégré dans le paysage, puis la première grande centrale de pompage-turbinage dans les années 1970, qui permet de stocker l’énergie pour la restituer aux heures de pointe. Au début des années 2000, KWO fut également la première entreprise hydroélectrique à créer son propre département d’écologie. «KWO a toujours joué un rôle de pionnière et c’est quelque chose que nous souhaitons entretenir», précise Daniel Fischlin. «Aujourd’hui, nous réfléchissons par exemple à la manière dont nous pourrions utiliser un robot pour l’entretien de la centrale.»

Un autre projet que l’entreprise aimerait réaliser: un lac de rétention supplémentaire avec une nouvelle centrale électrique sur le Trift. Bien que qu’il soit légalement prévu avec l’adoption de la nouvelle loi sur l’électricité, une organisation de défense de l’environnement s’y est jusqu’à présent opposée. Entretemps, elle s’est cependant montrée ouverte à la discussion et envisage de retirer son recours. «Le Trift permettrait d’augmenter la sécurité d’approvisionnement en hiver», souligne Daniel Fischlin. Toute la Suisse en bénéficierait. L’approvisionnement électrique de KWO va en effet bien au-delà des frontières cantonales. L’entreprise propose également des prestations essentielles pour la stabilisation du réseau électrique suisse. Ses puissantes centrales hydrauliques peuvent réagir à l’offre et à la demande, selon les besoins, en appuyant seulement sur un bouton. Avec l’énergie supplémentaire et non planifiable issue de sources renouvelables comme le vent et le soleil, les services système des grandes centrales gagnent en importance.

Comme toujours, KWO construit également d’imposantes infrastructures. Le 20 juin 2025, soit 100 ans jour pour jour après sa création, le nouveau barrage du Grimsel sera inauguré. Cela se fera en présence du conseiller fédéral Albert Rösti, de la conseillère d’État bernoise Christine Häasler et du conseiller d’État bernois Christoph Ammann. Construit en amont, ce nouveau barrage vient remplacer l’ancien, qui a pris de l’âge. Bien qu’il mesure un mètre de moins (113 mètres), il peut être surélevé au besoin, afin d’augmenter la capacité de stockage du lac du Grimsel. Un projet que KWO aimerait également concrétiser. Actuellement, cette capacité s’élève à 94 millions de mètres cubes d’eau.