Du courant hydraulique pour les générations futures

C’est le chantier du siècle: l’entreprise Kraftwerke Oberhasli AG, dans laquelle BKW détient une participation de 50%, construit un nouveau barrage au Grimsel. Elle contribue ainsi de manière notable à la production durable d’électricité en Suisse.

Le col du Grimsel à la fin de l’automne. Les premières neiges ont recouvert les pentes de la montagne. Les nuages se livrent à une lutte avec le soleil. Les imposantes formations rocheuses s’élancent vers le ciel avec la puissance d’une poigne de pierre. Un vent frais venu du Valais souffle sur le lac de barrage, annonçant l’approche de l’hiver. Ralf Grand ne se laisse pas perturber par ces conditions plutôt hostiles. Il remonte le col de sa veste de travail et déclare avec émerveillement: «Quoi de plus beau que d’avoir son bureau à près de 2000 mètres d’altitude? Chaque matin, quand je viens au travail, je ressens une profonde gratitude.»

 

94 millions de mètres cubes d’eau

R. Grand est originaire du Haut-Valais. Mais il consacre actuellement sa créativité professionnelle à l’un des plus grands projets du canton de Berne en tant que chef de chantier: la construction du nouveau barrage de Spitallamm. Il s’agit d’un ouvrage colossal qui nécessitera 220’000 mètres cubes de béton d’ici 2025 et qui devrait dompter les 94 millions de mètres cubes d’eau du lac de Grimsel pendant les 100 prochaines années. Il contribuera de manière importante à la production nationale d’énergie pour un coût de 125 millions de francs. Il s’agit donc de la pièce maîtresse de l’ensemble du système de Kraftwerke Oberhasli AG (KWO), qui comprend des installations de production, des conduites sous pression et des conduites de pompage, ainsi que des galeries d’une longueur totale d’environ 160 kilomètres.

 

Constructeur
Le responsable de chantier Pascal Reber (à gauche) et Ralf Grand vérifient les plans devant les fondations de la nouvelle construction. Photos: Valeriano di Domenico

Mais l’ancien mur – haut de 114 mètres et long de 258 mètres – se dresse encore tel un immense barrage. Et pourtant, dans quatre ans, il sera inondé par un trou de cinq mètres carrés. Devant lui, le nouveau mur grandit depuis la cérémonie de pose de la première pierre le 23 juin 2021: mètre après mètre, couche de béton après couche de béton. Près de 90 ouvriers de divers corps de métiers ont été mobilisés entre avril et octobre: machinistes, ouvriers du bâtiment, constructeurs de routes, mécaniciens, contremaîtres, électriciens, charpentiers, maçons, menuisiers, ingénieurs. Ils veilleront aussi à l’avenir à ce que le calendrier de la construction soit respecté et à ce que la production d’électricité soit maintenue. Ce n’est que dans la phase finale, en 2024/25, lorsque l’infrastructure technique sera installée sur le nouveau mur, qu’il faudra vider le lac momentanément et donc interrompre la production d’énergie.

 

Une procédure complexe

La procédure est complexe et se déroule en plusieurs phases. Avant de pouvoir commencer la construction du mur proprement dit, il a fallu creuser les fondations dans la roche en utilisant des explosifs. Pour que le barrage puisse être ancré dans la montagne et que la pression des grandes masses d’eau soit ainsi transmise aux culées, les fondations ont été enfoncées dans la roche jusqu’à 16 mètres de chaque côté de l’arche en béton.

 

70’000 mètres cubes de roche granitique ont été excavés au total pour les fondations. Ce processus était également placé sous le signe de la construction durable et respectueuse des ressources du nouveau mur. En effet, toute la matière première nécessaire à la construction du nouveau barrage est extraite dans la région du Grimsel. Seuls le ciment et les cendres volantes sont transportés. Cela signifie des circuits courts et une réduction du trafic sur la route principale.

 

Barrage
Une pelleteuse effectue encore les derniers travaux avant la mise en hivernage du chantier.

Ralf Grand aborde le fait que le climat soit rude à près de 2000 mètres d’altitude avec la sérénité d’un vrai montagnard: «Le mauvais temps n’existe pas vraiment pour nous: quand il pleut, c’est bon pour la centrale; quand le soleil brille, c’est bon pour le moral des bâtisseurs.»

 

Hivernage du chantier

Malgré tout, la nature impose aux travaux des limites claires que même la technique moderne ne peut repousser. Comme lors de la construction de l’ancien mur il y a 90 ans, les travaux ne peuvent avoir lieu qu’entre mai et octobre. Ainsi, le grand chantier a été «mis en hivernage» à la fin octobre. Pour le responsable de chantier compétent, Pascal Reber, ce processus est comparable à celui d’une cabane de montagne: «même s’il est beaucoup plus grand et exige beaucoup plus de travail», avoue-t-il en riant.

 

Une partie des machines de chantier et des appareils sont transportés dans la vallée, mais une autre partie est entreposée dans les galeries situées à gauche et à droite du barrage. Les engins les plus visibles, les deux grues de chantier de 92 mètres de haut, qui s’élèvent jusqu’à 160 mètres dans le ciel lorsque les flèches sont relevées, restent cependant en place. Rien n’est toutefois laissé au hasard. Pascal Reber explique: «Nous contrôlons le chantier une fois par semaine. Et les grues sont visibles en ligne en permanence. Nous les surveillons par webcam. Un automatisme permet de les mettre en mouvement régulièrement.» Cela empêche qu’elles ne gèlent.

 

Grue
Même bien au-dessus du sol, tout est protégé le mieux possible contre les rigueurs de l’hiver.

De véritables pionniers 90 ans en arrière

Au Grimsel, on construit l’avenir à tous points de vue. Le responsable de chantier Ralf Grand, qui a déjà joué un rôle important dans la construction des tunnels de base du Lötschberg et du Gothard, déclare non sans fierté: «La construction du nouveau barrage du Grimsel sera déterminant dans l’approvisionnement en électricité de toute la Suisse pour le siècle à venir.»

 

Il ne veut toutefois pas surestimer sa propre contribution. Bien au contraire: il tire son chapeau aux ouvriers qui, il y a 90 ans, ont construit l’ancien mur au prix de grandes fatigues et de privations: «Ce furent de véritables pionniers. Ils ont accompli leur travail sans grands moyens mécaniques ni appareils électroniques.» Une performance qui a valeur d’exemple pour les ouvriers d’aujourd’hui et demeurera même si l’ancien mur disparaît un jour dans le lac du Grimsel.

 

Ouvrier du bâtiment
Pascal Reber (à gauche) et Ralf Grand discutent encore de quelques détails concernant le nouveau mur.

Des fondations pour l’approvisionnement en électricité

Le lac du Grimsel est le principal lac de barrage du vaste réseau de centrales électriques des Kraftwerke Oberhasli AG (KWO), qui appartiennent pour moitié à BKW. «Avec la construction du nouveau barrage de Spitallamm, nous renforçons les fondations pour l’approvisionnement en électricité des générations futures», explique Tobias Habegger, porte-parole de BKW. Les lacs de barrage permettent en effet de stocker une grande quantité d’énergie. «La force hydraulique permet de produire de l’électricité quand on en a besoin. C’est-à-dire surtout en hiver, lorsque l’électricité se fait généralement rare en Suisse.»

 

Remplacement du barrage de Spitallamm – Les travaux de la saison de construction 2021 (© KWO)

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