L’énergie bernoise

Marlen Reusser est connue pour être la meilleure coureuse cycliste de Suisse. BKW sponsorise cette sportive actuellement médaillée d’argent lors du contre-la-montre aux Jeux Olympiques de Tokyo. Dans cet entretien, vous découvrirez pourquoi nous sommes sur la même longueur d’onde.

Toutes nos félicitations pour votre médaille d’argent, quelle performance ! Comment vous sentez-vous en ce moment ? Êtes-vous encore dans l’euphorie, ou avez-vous déjà repris l’entraînement ?

L’euphorie est toujours bien là, mais j’ai aussi repris l’entraînement, je suis remontée en selle. La vie continue malgré les médailles, mais je trouve que c’est un très beau cadeau que l’on m’a offert. Je reçois encore de très belles réactions et de très beaux messages. Il s’agit d’un moment tout à fait particulier dans ma vie.

Marlen Reusser mord dans sa médaille d'argent
Photo: Ronald Hoogendoorn/BSR Agency/Getty Images

Vous n’aimez pas vraiment votre réputation d’héroïne suisse du vélo. Pourquoi ? C’est pourtant agréable d’avoir du succès, non ?

Le titre d’«héroïne du vélo» me fait sourire. Il ne me pose aucun problème. Au contraire, je trouve malsaine cette habitude qu’ont beaucoup de Suisses de «se déprécier en apparence pour au fond afficher un esprit encore plus compétitif». Nous ferions mieux d’assumer ouvertement nos ambitions et de nous réjouir de nos réussites. Je suis fière de ce que j’ai accompli à vélo. Mais lorsque les médias étendent mon «héroïsme» à x aspects de ma vie, là je ne suis plus d’accord.

Les médias vous ont citée récemment: «Il y a tellement de choses que je ne sais pas faire». Qu’est-ce que vous ne savez pas faire?

Par exemple, toutes les activités qui requièrent de s’éloigner du sol pendant un certain temps me donnent beaucoup de fil à retordre. En cours de sport, à l’école, lorsque j’ai enfin réussi à faire un salto après avoir essayé cent fois, je suis restée en état de choc tout l’après-midi et je ne l’ai jamais refait depuis. Une autre fois, j’ai appelé la Rega en panique sur la crête d’une montagne, alors que les gens à côté étaient en train de pique-niquer tranquillement.

Cela signifie que vous n’étiez pas attirée par le cyclisme sur route, à l’origine. Comment vous est venue cette idée de vous lancer dans la compétition cycliste?

Je suis de nature compétitive, j’ai toujours aimé tout donner sur mon vélo, dépasser les autres, mais me dépasser moi-même également. Comme j’ai la chance d’avoir beaucoup d’énergie, il semblait donc logique de se mettre aux compétitions à un moment. L’association cycliste d’Ersingen, où j’ai été entraînée et encouragée, a joué un rôle non négligeable. C’est mon premier entraîneur, Bruno Guggisberg, qui m’a envoyée disputer ma première compétition cycliste, en ne m’en disant quasiment rien à l’avance. Après ce premier saut dans le vide, j’ai tout de suite voulu m’y remettre.

La cycliste suisse Marlen Reusser
Marlen Reusser a remporté la médaille d'argent dans le contre-la-montre aux Jeux olympiques de Tokyo. En attendant, elle a déjà repris la compétition. Photos : Stephan Bögli

Pouvez-vous nous donner votre stratégie pour arriver au sommet lorsque l’on se lance sur le tard ?

Pendant de nombreuses années, j’ai développé une certaine endurance de base et toujours entrepris des choses qui me poussaient physiquement jusqu’à mes limites. Rouler de Berne à Saint-Gall avec mon vélo de course, faire l’ensemble des circuits de l’Alpenbrevet en solitaire, monter d’une seule traite l’escalier du Niesen aussi vite que possible... je ne manquais pas d’idée. Aujourd’hui, j’en récolte les fruits de mon travail. Mon conseil: misez sur un bon entraînement et pratiquez en parallèle le sport d’endurance comme un hobby. Si vous n’en tirez aucun plaisir, alors mieux vaut ne pas vous lancer. Si le talent est là, tentez de passer à un programme d’entraînement professionnel et regardez ce que ça donne.

Aujourd’hui, qu’est-ce qui vous fascine le plus dans votre discipline sportive ?

Je trouve le cyclisme absolument magnifique et libérateur. C’est la nature ou son propre corps qui fixe les limites, tout le reste est libre. J’aime renforcer mon corps et ressentir ma force. Certes, au niveau professionnel auquel je m’entraîne, le cyclisme est parfois plus une souffrance qu’une passion. Mais tout ce que j’ai pu vivre dans mon aventure cycliste et tous mes succès en valent véritablement la peine.

Mais honnêtement, gagner vous motive, non ?

Sans succès, je ne pratiquerais sûrement pas ce sport de cette façon sur du plus long terme. Mais si l’inverse n’était pas vrai, je ne le ferais pas non plus.

De quoi pourriez-vous bien vous passer dans le sport professionnel ? Qu’est-ce que vous n’aimez pas du tout ?

Les nombreux trajets en avion (un mal nécessaire dans le cyclisme professionnel). Les quantités de riz à avaler. Se sentir sans cesse ralentie sur le plan cérébral à cause de l’épuisement physique.

Marlen Reusser en gros plan
Médecin de profession, Marlen Reusser n’a fait son entrée dans le sport professionnel qu’en 2019

Y a-t-il des situations où vous avez peur ? Comment réagissez-vous dans ce cas ?

Aujourd’hui, j’ai appris à anticiper les situations dangereuses et à me déplacer dans une autre direction au sein du peloton. Je suis très prudente et préfère perdre parfois ma position ou de l’énergie plutôt que de m’exposer à un risque.

Vous êtes toujours restée fidèle à votre canton natal. Qu’est-ce qui vous lie à Berne et à l’Emmental?

Comme vous le dites: c’est mon canton natal. Tous mes amis et ma famille y vivent. Même si mon métier m’en éloigne la majeure partie de l’année, j’en profite d’autant plus quand je rentre à la maison, à Berne.

Vous êtes très engagée en faveur de la durabilité et de la protection du climat. Vous étiez par exemple au comité des Jeunes Verts de Berne et vous êtes présentée aux élections du Conseil national. Comment conciliez-vous cet engagement avec le sport professionnel ?

Le sport professionnel comprendra toujours de nombreux trajets en avion, les meilleurs athlètes doivent se rencontrer quelque part. C’est tout sauf écologique. Derrière le sport se cache aussi une incroyable industrie dont les athlètes de haut niveau sont les ambassadrices et ambassadeurs. Je regarde tout ça d’un oeil critique, mais je ne veux pas non plus renoncer à ma vie de sportive de haut niveau. J’essaie d’adopter un comportement aussi écologique que possible, par exemple en prenant le vélo ou le train, sans renoncer entièrement à ma qualité de vie.

Marlen Reusser en conversation
La jeune femme de 29 ans s'engage pour la protection du climat et la durabilité.

Pour l’opinion publique – et aussi pour certains sponsors – le cyclisme est encore un sport d’hommes. Qu’est-ce qui doit changer pour que les femmes reçoivent davantage de soutien ?

C’est précisément cette façon de penser : «Les femmes ont besoin de soutien.» Lorsque les investisseurs et les sponsors ouvriront les yeux et s’apercevront que nous représentons un «segment de marché» à fort potentiel, la situation pourra changer. Aujourd’hui, nous sommes dans un cercle vicieux : faible présence médiatique, donc faible intérêt des sponsors, donc faibles moyens pour les organisateurs et pour les équipes, d’où le faible intérêt du public, etc. C’est comme pour toute entreprise : au début, il faut investir et être dans le rouge. Après deux à trois ans, les chiffres sont dans le positif.

De notre point de vue, quelqu’un qui déborde d’énergie et s’engage en plus pour l’environnement nous correspond bien entendu parfaitement. Selon vous, pourquoi est-ce que BKW vous correspond ?

L'energie bernoise ! Rien que pour ce nom, je sens déjà que je fais partie de BKW (rires). J’aime l’attitude de précurseur de l’entreprise. BKW est dirigée avec un franc succès par une femme forte, évolue en permanence et investit dans le domaine des technologies durables – pas pour faire un coup de marketing, mais parce qu’elle a compris que c’est ce que sera et ce que doit être l’avenir. Et ça me plaît.     

Recherchez-vous des sponsors de manière ciblée? Y a-t-il des secteurs économiques dont vous ne voudriez pas comme sponsors?

J’ai longtemps cherché le sponsor idéal, et je suis tout à fait satisfaite avec BKW. Il me faudra renoncer à beaucoup de choses avant de commencer à travailler avec une entreprise que je ne peux pas défendre. De manière générale, je suis assez critique face à la consommation frénétique, et je ne voudrais pas incarner une ambassadrice «lifestyle».

Marlen Reusser

Marlen Reusser (29) vient d’une famille d’agriculteurs de l’Emmental. Jusqu’à l’âge de 16 ans, elle a joué du violon à la Haute école des arts de Berne. Après avoir obtenu sa maturité, elle a étudié la médecine puis occupé un poste d’assistante médicale à mi-temps en chirurgie, à l’hôpital de Langnau, tout en se préparant au championnat sur route à Innsbruck. De 2008 à 2009, elle a présidé le parti des Jeunes Verts du canton de Berne et a siégé de 2017 à 2018 au comité des Verts de l’Emmental. Elle a commencé sa carrière de sportive en tant qu’ athlète, pendant sa scolarité. Suite à plusieurs opérations aux chevilles, elle est passée à la natation, puis au cyclisme. BKW est le sponsor principal de Marlen Reusser.

 

Carrière sportive

2017: Championne de Suisse –Contre-la-montre individuel et cyclisme de montagne

2018: Grave chute lors de la course sur route de Kiesen

2019: Championne de Suisse – Cyclisme sur route et contre-la-montre individuel

         Remporte le contre-la-montre des European Games de Minsk

2020: Championne de Suisse – Contre-la-montre

         Championnats du monde – 2e place contre-la-montre

         Championnats du monde – 2e place contre-la-montre

         Swiss Cycling Award de la cycliste suisse de l’année

2021: Jeux olympiques de Tokyo: médaille d’argent au contre-la-montre

         Championnats du monde de cyclisme: Flandres, du 18 au 26 septembre 2021

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